• La divine mascarade, de Patryck Froissart

    La divine mascarade, de Patryck Froissart

     

    La poésie est aussi propre à exprimer toute la beauté de la nature que toutes les laideurs dont l'homme la gangrène jusqu'à la menacer de destruction totale. De même, le poème peut être tout autant l'hymne à la grandeur de l'humanité que le pamphlet mettant à nu ses tares et ses hideurs.

    L'amour, la haine, la paix, la guerre...

    Dans la noblesse et dans la bassesse, dans ses conduites généreuses et magnifiques et dans ses actes d'égoïsme et de cruauté, dans les atrocités qu'il commet depuis toujours au nom des dieux qu'il vénère, l'homme est-il ou non agi par quelque volonté divine invisible qui posséderait et actionnerait toutes les ficelles?

    Cette question inquiète, l'homme se la pose depuis qu'il a une âme, depuis qu'il est, justement, animé on ne sait par qui, ni par quoi, ni pourquoi.

    Patryck Froissart, poète, romancier, nouvelliste, brosse dans ce sombre recueil, sans concession ni réserve, un tableau désespéré de l'état de nos sociétés, et en fait porter la responsabilité à Celui ou à Cela qui habite l'homme.

    Lecture déconseillée aux dépressifs...

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    LA DIVINE MASCARADE de Patryck FROISSART

    Toujours immense est mon horreur

    Des ossuaires militaires,

    Signes odieux que, sur la terre,

    L’homme est, pardieu, l’énorme erreur.

    (Nos zéros)

    *****

    Quand le fellah laboure, ahan, son acre aride,

    Le cheikh razzie sa fille, et dans ses hespérides,

    Ahan, la dépucelle, ivre de cantharide,

    Puis, ravi de ses cris, la livre à ses séides.

    (Espèce de)

    *****

    Dans les bourgs, dans les cœurs, dans les cours, que de haines,

    Nom de dieu ! Que de sang ! Que d’absents ! Nom de dieu !

    (Bordel de dieu)

    *****

    Notre fille songeuse observait sans comprendre

    Une enfant de son âge arpenter les pavés,

    Suivre le débauché qui bavait de la prendre,

    Et revenir se vendre à d'autres dépravés.

    (Cancer du Capricorne)

    *****

    Combien d’êtres au monde, à l’aurore approchant,

    Finissent aux lisiers, aux lisières des villes,

    Quand sous mes édredons, dans mes rêves tranquilles,

    S’invitent les houris et leurs luths et leurs chants ?

    (Piccalilli)

    *****

    Mon calame écarlate écrit tes évangiles.

    Pour célébrer ta messe en satanés quatrains,

    De ta vulve béante où grouillent ces reptiles,

    J’extirpe, ô ma catin, ces vils alexandrins.

    (Lilith muse)

    *****

    Sur la houle du blues en l'éther spiritueux

    Je lévite et volute au phantasme sinueux

    Du branle du nombril et du torse tortueux

    De la phryné qui flotte en son smog voluptueux

    (Artifice)

    *****

    Pouvoir après avoir vagi d’écœurement

    Régresser au vagin vertigineusement

    A l’amont de la foutrerie

    (Mirage du vagin)

    *****

    Par Dieu qu’on ne voie plus un bigot à la ronde,

    Que notre espèce vive une harmonie profonde,

    Que le verbe soit libre et la pensée féconde,

    Et que la Terre soit promise à tout le monde !

    (Prière)

    *****

    Je quitte sans remords,sans râler, mon berceau,

    Je bondis dans la cour où piaffe ma cavale

    Et, l’esprit libéré, j’escalade l’arceau

    Que le croqueur de morts sort du flanc de sa malle.

    (A hue, à dia, allons ! Vite, vite !)

    *****

    Ta naissance est déjà l’amorce de ta fin,

    Homoncule, vagis, puis que ta parentèle

    T’étouffe vivement au fond de ton couffin

    Avant que ton ego gonfle ta fontanelle !

    (Avorton)

    *****

    Tout roman n’est qu’un blanc dans le livre du temps

    Tout poème une feuille jaunie qu’on décroche

    Et qu’on chiffonne et puis qu’on jette en s’en foutant.

    Toute vie n’est jamais rien de plus qu’une ébauche.

    (Insensément)

    *****

    La mort partouze en ses draps noirs, je vous avoue

    Que s’il lui manque un décharné, je me dévoue...

    (Complice)

    *****

    De leur vase les vers avidement m’observent...

    Il ne me déplaît pas qu’à déjeuner je serve

    A la vermine à qui je fais don sans réserve

    De mon vain cytoplasme et des maux qui l’énervent.

    (Perspective)

    *****

    Ce que je suis ne vaudra rien

    Qui donc tire ainsi mes talons ?

    Il faut mourir ? Alors, allons !

    Ce que je fus ne valait rien

    (In extremis)

    *****

     

     

    La divine mascarade, de Patryck Froissart

     


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